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Les arts du spectacle des groupes Gbanthén : Une reconnaissance mondiale pour un patrimoine vivant

Le 22 décembre 2024, un événement majeur a marqué l’histoire culturelle de la Tunisie : l’inscription des « Arts du spectacle des groupes Gbanthén » sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Cette célébration, qui a eu lieu à la Cité de la culture de Tunis, est un tournant pour la reconnaissance internationale de l’art tunisien, en particulier pour les arts vivants de la région de Médenine, au sud du pays.

La Presse —Sous la présidence de la ministre des Affaires culturelles, Mme Amina Srarfi, et en présence de personnalités diplomatiques, politiques et culturelles, la cérémonie a mis en lumière une forme d’expression artistique unique qui a traversé les siècles tout en restant profondément ancrée dans les traditions locales. Les « Arts du spectacle des groupes Gbanthén » sont une forme d’expression artistique qui combine poésie, chant, danse et percussions. Née au XIXe siècle, après l’abolition de l’esclavage, cette tradition est le fruit de l’interaction de plusieurs cultures : africaines, arabes et berbères. Dans un contexte de libération et de redéfinition des identités, les Gbanthén ont créé un art hybride, nourri de récits populaires, de chants de travail, de danses communautaires et de rythmes ancrés dans la mémoire collective. Historiquement, ces spectacles étaient réservés à des moments de convivialité et de célébration, tels que les mariages et les festivals locaux. Aujourd’hui, ils se produisent dans des contextes plus larges, comme les festivals culturels, où ils continuent de jouer un rôle vital dans la transmission des valeurs et des récits traditionnels. Leur caractère intergénérationnel est primordial : l’art des Gbanthén se transmet principalement par oralité, à travers l’observation et la participation directe des jeunes générations. Dans son discours, la ministre a salué cette inscription comme une première pour le patrimoine musical tunisien à l’international. Elle a évoqué cette reconnaissance comme une « étoile » ajoutée à l’héritage culturel du pays, soulignant que cette inscription marquait un pas important pour la mise en lumière de la diversité et de la richesse des pratiques culturelles tunisiennes. Les arts des Gbanthén ne sont pas seulement un vecteur de divertissement, mais aussi un outil de résistance et d’affirmation de l’identité, comme l’a précisé M. Imed Ben Soula, représentant du comité scientifique. Selon lui, ces pratiques reflètent une «affirmation de soi» et ont joué un rôle essentiel dans la construction de liens sociaux au sein des communautés de Médenine et au-delà. En mélangeant différentes influences culturelles et en créant un langage artistique commun, les Gbanthén ont contribué à forger une identité collective forte, en particulier dans un contexte de rupture et de réappropriation culturelle après l’abolition de l’esclavage. La cérémonie a également été l’occasion de rendre hommage aux chercheurs et experts qui ont contribué à l’élaboration du dossier d’inscription des « Arts du spectacle des groupes Gbanthén». Le comité scientifique, composé de chercheurs tels que les docteurs Naceur Baklouti, Imed Ben Soula, Asmahan Ben Barka, Mohamed Jazraoui et Mohamed Néji, a joué un rôle crucial dans la documentation et la mise en valeur de cette tradition. Leur travail méticuleux a permis de démontrer non seulement la valeur artistique des Gbanthén, mais aussi leur impact social et culturel, renforçant ainsi leur légitimité au niveau international. Lors de la célébration, les Twayef de Ghbonten ont offert une performance exceptionnelle, plongeant les spectateurs dans l’univers de cette tradition séculaire. Habillés de robes blanches et coiffés de chéchias rouges, les membres des groupes ont exécuté des chants traditionnels accompagnés du chenna, un tambour typique, dans une ambiance festive et vibrante. Les danses, les chants et les rythmes ont captivé le public, illustrant la richesse et la diversité de cet art vivant. Cette prestation a été suivie d’une exposition photographique retraçant l’histoire des Twayef de Ghbonten et mettant en lumière les spécificités culturelles et sociales de ces groupes. Un documentaire a également été projeté pour documenter le processus d’inscription de ces arts au patrimoine immatériel de l’Unesco, détaillant les étapes cruciales de la candidature et l’impact de cette reconnaissance sur la scène culturelle tunisienne.

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